Quelle éducation à la sexualité pour les jeunes déficients visuels ?

Retranscription de l’article paru sur Le Populaire du centre, le 13 février 2022.

C’est une enquête comme on n’en fait pas tous les jours. La maison d’édition limougeaude « Mes Mains en Or », dont les livres jeunesse sont adaptés aux déficients visuels ou intellectuels, s’est demandé, avec la chercheuse Laetitia Castillan, si l’accès à la sexualité était possible, facile ou évident lorsque l’on est aveugle ou malvoyant.

Et les réponses des 130 professionnels de la déficience visuelle, ainsi que des 90 adultes aveugles ou malvoyants sont claires : il existe bien « un défaut d’accompagnement sur les questions relatives à la sexualité et à la vie affective qui met en difficultés les jeunes [concernés] tant sur le plan social que personnel ». Difficultés d’accès aux contenus, besoins de formation, absence de cadre institutionnel, éducation à la sexualité principalement « descendante/magistrale », avec peu de temps alloué aux échanges et aux débats… Dans le domaine des violences sexuelles, c’est la vulnérabilité qui sort de l’ombre : « 31 % des adultes présentant une déficience visuelle répondent avoir subi des violences sexuelles. »

Lorsqu’ils ont été sensibilisés, les adultes déficients visuels ont reçu des informations portant principalement sur l’aspect biologique (39 %), la prévention des maladies sexuellement transmissibles (32 %) ou le consentement (11 %). Les thèmes qu’ils auraient aimé aborder à l’adolescence étaient la rencontre/séduction (39 %), le consentement (24 %) et les questions de genre (12 %). « Le manque de temps et de moyens alloués à l’éducation à la sexualité contraints souvent les intervenants à aborder les sujets jugés les plus sensibles », analyse l’association. En cherchant ailleurs, dans les ouvrages notamment, les informations dispensées par les institutions ou les familles pourraient être complétées. « De nombreux ouvrages d’éducation à la sexualité sont disponibles dans le commerce. Ces ouvrages constituent une ressource pour les jeunes voyants mais, actuellement, ils restent inaccessibles pour la majorité des jeunes présentant une déficience visuelle. Il apparaît nécessaire de rétablir l’équité en matière d’accès à ces contenus… » conclut l’association, qui a décidé de se mettre à l’ouvrage.

Pratique : L’étude est consultable dans son intégralité sur le site de Mes Mains en Or.