COLLOQUE :
ÉDUCATION, SEXUALITÉ ET HANDICAP

Visuel du colloque des Mes Mains en Or avec trois mains qui tiennent un préservatif, une cup et des coeurs.

0 min ~ Discours d’ouverture par Caroline Chabaud et François Vincent.
Caroline Chabaud – directrice et fondatrice de Mes Mains en Or
François Vincent – élu de territoire Limoges Métropole

13 min ~ Expériences du handicap et de la sexualité
Jennifer Fournier – maîtresse de conférences en Sciences de l’éducation et responsable « formation supérieure et recherche » à Ocellia

51min48s ~ Quelle accessibilité à l’éducation sexuelle pour les jeunes présentant une déficience visuelle ?
Laetitia Castillan – chercheuse en psychologie et chargée du projet « Éduquer pour protéger »

1h26min ~ Être autodéterminé à s’exprimer pour expérimenter et s’aimer
Juliette Cartier – cadre de direction IEM La Source-Le Passage au Gapas et formatrice autodétermination

1h56min ~ Comment répondre à la carence de ressources pédagogiques adaptées ?
Camille Etchart-Loussayre – ingénieure en Cognitique et co-fondatrice de Yumaneed et de POPAIA

2h17min ~ Intervention de Céline Poulet et Sophie Rattaire
Céline Poulet – secrétaire générale du Comité Interministériel du Handicap
Sophie Rattaire – coordinatrice interministérielle à l’accessibilité universelle

2h42min46s ~ Questions à Mme Poulet Céline et Mme Rattaire

2h50min ~ L’handiparentalité, envisager une parentalité (extra)ordinaire ?
Florence Méjécase Neugebauer – fondatrice d’Handiparentalité, autrice et formatrice

Les ateliers et l’intervention de Laetitia Rebord n’ont pas pu être enregistrés.
Handicap et Sexualité : freins et leviers de l’environnement familial, social et institutionnel (en visio)
Laetitia Rebord – pair-aidante en santé sexuelle, formatrice, conférencière et coach vers l’empowerment des personnes en situation de handicap

Levons les tabous, changeons nos pratiques et notre regard !

A eu lieu le mardi 3 octobre à la Maison de la Région à Limoges, le colloque « Éducation, sexualité et handicap », organisé par l’association Mes Mains en Or. L’évènement était attendu et a accueilli un peu plus de 130 participants. Le discours d’ouverture mené par Caroline Chabaud, directrice de Mes Mains en Or, et François Vincent, représentant de la Région Nouvelle-Aquitaine, nous rappelle l’importance de l’accompagnement et l’éducation des personnes en situation de handicap sur la vie intime, affective et sexuelle. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons libérer la parole et la connaissance sur un sujet qui ne devrait plus être un tabou.

À destination des professionnels du médico-social, aux pairs-aidants, aux personnes en formation ou concernées par le handicap, cette journée était ouverte aux discussions sur les problématiques autour de l’éducation à la sexualité pour les personnes en situation de handicap.

Pour appuyer cette démarche, deux représentantes du Comité Interministériel du Handicap, Céline Poulet et Sophie Rattaire nous ont fait l’honneur de leur présence afin d’échanger avec l’assemblée
sur ces questions.

La sexualité étant au cœur des préoccupations sociétales, il est nécessaire de s’en emparer afin de former les professionnels et transformer les accompagnements de ces personnes. Plusieurs intervenantes et intervenants ont pu partager leurs travaux de recherches, leurs projets ou tout simplement leurs connaissances et expériences grâce à une matinée plénière et une après-midi d’ateliers.

Photo du logo de la Région Nouvelle Aquitaine partenaire du colloque
Photo des ateliers du colloque
Photo de la salle de conférence du colloque

La liberté sexuelle, un droit défendu.

Jennifer Fournier, maîtresse de conférence en Science de l’Éducation, expose l’intérêt de la contextualisation de la sexualité. Comme tout un chacun, cela concerne la tête, le corps et le cœur ; des dimensions qui sont amenées à évoluer selon les champs du biologique, du psycho-affectif et du social. Ces critères-là, les professionnels du médico-social doivent les prendre en considération, notamment au regard du droit. La Convention relative aux droits des personnes handicapées défend la liberté sexuelle ; qu’elle soit relative à l’orientation sexuelle, à l’organisation de la vie intime et sexuelle ou encore à la parentalité.

« Les aspirations de ces personnes sont les mêmes que tout le monde », explique Jennifer Fournier, lors du constat du projet « Mes amours ».
Les entretiens avec les adultes présentant une déficience intellectuelle montrent des désirs similaires à la majorité.

Quels outils adaptés pour une éducation à la sexualité ?

Cette liberté sexuelle, bien qu’elle soit défendue, fait face à de nombreux obstacles. Laetitia Castillan, chercheuse en psychologie, s’est interrogée sur l’accessibilité à l’éducation sexuelle pour les jeunes déficients visuels. Actuellement, les contenus qui traitent de la sexualité sont principalement visuels et abordent le sujet de manière très théorique. Ce bilan a donné naissance au projet « Éduquer pour protéger », dont les retours d’enquêtes attestent le manque d’adaptation des outils pédagogiques pour les jeunes déficients visuels.

Auprès des professionnels des établissements médico-sociaux (EMS), le contexte est celui d’un accompagnement institutionnel mal défini et d’un manque de formation et de mutualisation des démarches sur la vie intime et sexuelle.

C’est donc en collaboration avec l’association Mes Mains en Or que des outils adaptés et des ressources accessibles ont été créées autour de la thématique des règles. Du livre braille Tout sur les règles ! au P’tit Guide Pro, le sujet y est abordé de façon plus légère et ludique.

« Les enfants sont curieux de leur corps. [Il faut] mettre à [leur] disposition des moyens de découvrir tout cet univers », témoigne Jade, 17 ans et non-voyante.

Malgré ces initiatives, les carences de ressources pédagogiques restent réelles. Une problématique à laquelle Camille Etchart-Loussayre, ingénieure en cognitique, tente de répondre avec la création de la plateforme POPAIA. Issue d’une étude menée par Yumaneed, cette plateforme sera disponible fin 2023 et donnera lieu à la centralisation et au référencement des ressources existantes et à venir.

Cet outil collaboratif a été créé afin d’aider les professionnels et les personnes en situation de handicap à accéder à des ressources pédagogiques sur la sexualité, la vie affective et la parentalité.

Les témoignages parlent d’eux-mêmes : « Perte de temps en veille d’outils et d’énergie à les créer » ; « Problème d’accessibilité à l’information » ; « Manque de temps et de budget ». La mutualisation de ces outils permettra ainsi de gagner du temps, d’avoir des retours d’autres professionnels sur leur utilisation et de contribuer à une accessibilité universelle.

Le droit à l’autodétermination c’est le droit à la liberté sexuelle.

Pour favoriser l’éducation à la sexualité, que l’on soit professionnel, pair-aidant ou de la famille, l’accompagnement vers l’autodétermination est essentiel. Juliette Cartier, cadre d’IME (Institut Médico-Éducatif) et formatrice, nous rappelle l’importance de l’autodétermination dans l’expression de ses envies et de ses besoins, et ce tout au long de sa vie. Loin d’être un effet de mode, l’autodétermination permet à toute personne, qu’elle soit en situation de handicap ou non, d’être actrice de sa vie. Pour la vie intime, affective et sexuelle des personnes en situation de handicap, le travail de l’entourage (professionnel, familial ou social), est de créer des expériences et des occasions réelles pour que ces personnes puissent s’autodéterminer,
et ceci en acceptant les potentiels risques. Comme le dit Juliette Cartier, « le risque zéro n’existe pas ».

Comment contribuer à un environnement favorable à une vie intime, affective et sexuelle… ?

Savoir accepter les risques, c’est aussi faire face à des peurs guidées par des préjugés ou des appréhensions. « À vouloir trop protéger, on ne fait que renforcer la difficulté d’accès [à une éducation à la sexualité] pour la personne directement concernée. » Les mots de Lætitia Rebord, paire-aidante en santé sexuelle et formatrice, ne font que soulever des freins qui proviennent le plus souvent de la famille, des établissements ou des aidants. Pourtant aujourd’hui, des solutions existent, autant dans l’environnement social qu’institutionnel. Agir pour une pleine inclusion, c’est aborder la vie affective et sexuelle de façon plus positive, sans faire de différence avec le handicap.

Pour cela, est-ce que la solution ne serait pas de tendre progressivement vers la désinstitutionnalisation ?
Une prise de position affirmée de Lætitia Rebord afin de « permettre à l’autre de ne plus vivre ce que nous ne souhaiterions jamais vivre ».

… et à l’handiparentalité ?

Dans la société actuelle, il est encore difficile d’imaginer les personnes en situation de handicap devenir parent. Pourtant, Florence Méjécase,
fondatrice de l’Handiparentalité, nous affirme que ce désir d’enfant est le même que tout le monde. C’est un choix qu’il faut savoir accompagner.
Cette sensibilisation à l’handiparentalité auprès des autres professionnels est aujourd’hui plus que nécessaire afin de guider ces personnes vers des processus de parentification (puériculture adaptée, échanges avec d’autres parents, ateliers, etc) et les aider à mener leur parentalité.

L’éducation à la sexualité, c’est aussi prévenir des violences sexuelles.

Se positionner sur les problématiques d’accès à l’éducation sexuelle des personnes en situation de handicap c’est également discuter de la lutte contre les violences sexuelles. Céline Poulet, Secrétaire générale du Comité Interministériel du handicap, et Sophie Rattaire, Coordinatrice interministérielle à l’accessibilité universelle, recontextualisent le sujet en précisant que les femmes en situation de handicap sont deux fois plus concernées par les violences sexuelles et sexistes (d’après le rapport de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques, en 2020).
C’est pourquoi des actions sont menées par le gouvernement telles que les Centres ressources Intimagir. Il s’agit de centres d’information sur la vie intime, affective, sexuelle, la parentalité et les violences sexuelles, pour les personnes en situation de handicap. Ces centres répertorient toutes les ressources et outils utiles sur la santé sexuelle. Ils peuvent être un appui pour les professionnels, les pairs-aidants ou les associations.
Pour mieux répondre aux questionnements des personnes en situation de handicap, le public concerné est cœur du processus d’accompagnement.

Céline Poulet préconise plus que jamais la vigilance des professionnels, des familles, des aidants auprès des personnes en situation de handicap. L’information, la formation, la sensibilisation à l’éducation à la sexualité est importante pour contribuer à la qualité de ces personnes, c’est une responsabilité collective.

photos des stands pendant le colloque
Photo des ateliers du colloque
Photo des ateliers du colloque

Merci de votre présence à cet évènement ou pour le temps consacré à la lecture de ce compte rendu.
Vous pouvez aussi retrouver ce compte-rendu sur Echoscience.
À lire aussi, l’article du Populaire du centre, “Handicaps : l’éducation “est dans les choux” pour apprendre la vie intime, affective et sexuelle”.

LE PROGRAMME ET ATELIER

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